



Pendule à cadrans tournants
France, époque Louis XVI, vers 1770
Attribuée à Robert Osmond (1711−1789)
Mouvement de Verneaux à Paris
Bronze ciselé et doré
Cadrans tournants en argentExemples comparables
- Robert Osmond, Dessin de pendule « n° 25 , pièce à colonne quarrée & vazes », Paris, Bibliothèque Doucet (inv. VI E 15 Rés)
- Robert Osmond, Pendule, Baden-Baden, musée Zähringer
- Lepaute, Pendule, ancienne collection Demidoff, Christie’s Londres, vente du 18 juin 1987, lot 104, collection particulière
Exemples vraisemblablement identiques, collections du XVIIIe siècle :
« Une pendule tournante, donnant les heures & demie, mouvement par M. le Paute, dans un vase ouvragé à anses quarré à têtes de bélier, avec serpents enlacés autour du piédouche, marquant les heures, placées fur un fût de colonne cannelée en couleur, avec un nœud à guirlandes & socle à tore de laurier, sur plinthe octogone : hauteur 19 pouces. »
(Vente de la collection de M***, par Philippe-François Julliot, lundi 29 novembre 1784, à l’Hôtel de Bullion, rue Plâtrière, Paris).Reposant sur un contre-socle en bronze doré de forme carré, un socle en forme de colonne cannelée présente une base constituée d’une guirlande de chêne surmontée d’un ressaut formé par un motif d’entrelacs. Une guirlande et des couronnes de lauriers noués ornent le fut de la colonne.
Un vase ovoïde à panse godronnée, frise d’oves, feuilles d’acanthe et anses en formes de grecs ornées de fines cannelures reposant sur des têtes de bélier constitue la partie supérieure de l’ensemble. Son couvercle est orné d’un bouton feuillagé. À mi-hauteur du vase, servant ainsi de caisse, cette pendule est pourvue d’un double cadran tournant en argent, la partie basse désignant les heures en chiffres romains, la partie supérieure les minutes en chiffres arabes, indiquées par un serpent enroulé autour du piédouche du vase.
S’inscrivant dans l’esprit du retour à l’Antique apparu au milieu du XVIIIe siècle, le modèle des pendules en forme de vase antique fut créé à Paris dans les premières années de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Permettant d’intégrer à l’œuvre un cadran à cercles tournants particulièrement élégant qui rompait avec la tradition des cadrans circulaires émaillés, il connut rapidement un grand succès.
La composition de cette pendule peut être rattachée à l’œuvre de l’un des plus importants bronziers parisiens de l’époque : Robert Osmond (1711−1789) ; tandis que son dessin s’inspire directement d’une aquarelle qui figure dans un album de dessins conservé à l’Institut national d’Histoire de l’Art à Paris.
Plusieurs pendules réalisées dans le même esprit sont connues, citons notamment un modèle signé Lepaute provenant des collections Demidoff qui a été vendu chez Christie’s, à Londres, le 18 juin 1987, lot 104 et un autre, signé Osmond qui appartient aux collections du musée Zähringer à Baden-Baden.
Robert Osmond (1711−1789)
Né en Normandie, à Canisy, près de Saint-Lô en 1711, Robert Osmond fit son apprentissage dans l’atelier de Louis Regnard, maître fondeur en terre et en sable et fut reçu maître Fondeur- ciseleur en 1746. Reconnu par ses pairs, il fut nommé juré de sa corporation en 1756.
En 1753 son neveu Jean-Baptiste Osmond (1742-après 1790) quitta la Normandie pour le rejoindre. Ce dernier, reçu maître en 1764, travailla après cette date avec son oncle ; leur collaboration fut si étroite qu’il est difficile de distinguer entre les contributions de l’un et de l’autre.L’activité de Robert Osmond se situe entre la fin des années 1740 et le milieu des années 1770, puisqu’en 1781 il fut désigné comme ancien maître fondeur. Jean-Baptiste, qui continua de diriger l’atelier après le départ de son oncle, connut bientôt des difficultés et fit faillite en 1784. Son oncle Robert mourut en 1789.
Bronziers et ciseleurs prolifiques, s’illustrant d’abord dans le style rocaille, au début des années 1760, les Osmond surent s’adapter au nouveau style néoclassique.
Bien qu’ils aient produit toutes sortes de bronzes d’ameublement (chenets, appliques et encriers), ils sont surtout connus pour avoir laissé leur nom sur un assez grand nombre de pendules et de cartels dont les mouvements étaient confiés aux plus grands horlogers de l’époque comme Jacques Lepaute, Ferdinand Berthoud, Julien Le Roy, Jacques Lepaute, Robert Robin.
Ses œuvres furent particulièrement prisées des grands collectionneurs et aristocrates. C’est ainsi que le fameux financier Beaujon et le Duc de Choiseul-Praslin possédèrent des pendules et cartels de sa production. Travaillant également pour l’un des plus grands marchand-mercier du XVIIIe siècle, M. Lazare-Duvaux, ils livrèrent également par son intermédiaire pour Louis XV des œuvres destinées au château de Saint-Hubert et des Tuileries.
Evocateur du talent des Osmond, cette pendule illustre l’inventivité de ces derniers, qui surent tôt s’adapter au néoclassicisme, utilisant vases antiques, anses en forme de grecs, colonne tronquée et guirlandes de laurier tout en parvenant à les assouplir grâce à la présence d’un serpent s’enroulant avec délicatesse autour du piédouche. La ciselure de ce dernier témoigne de plus de l’excellence du travail de ces artistes ayant atteint le plus haut niveau de maîtrise de leur art.
Hauteur : 51 cm – 20 inches Largeur : 23,5 cm – 9 inches Profondeur : 23,5 cm – 9 inches- Jean-Dominique Augarde, Les ouvriers du temps, Genève, Antiquorum, 1996, p. 109.
- Hans Ottomeyer, Peter Pröschel, Vergoldete Bronzen – Die Bronzearbeiten des Spätbarock und Klassizismus, München 1986, p. 194–195.
- Pierre Verlet, Les bronzes dorés français au XVIIIe siècle, Paris, Éditions Picard, 1987, p. 131.
Paire de flambeaux à figures d’homme et de femme portant un chérubin
France, époque Louis XIV, vers 1710
Bronze ciselé et doré
D’après un dessin du sculpteur Corneille Van Clève (1646−1732)Provenance :
Collection de Philippe de Nicolay-Rothschild
Exemples identiques, collections actuelles :
- Corneille Van Clève, Flambeaux, vers 1715, Londres, Wallace Collection (inv. F30)
- Corneille Van Clève, Deux paires de flambeaux, Avignon, musée des Arts Décoratifs Louis Vouland
- Corneille Van Clève, Paire de flambeaux, vers 1720, collection particulière
Exemples vraisemblablement identiques, collections du XVIIIe siècle
- Le 10 novembre 1702, l’orfèvre Nicolas Delaunay livra pour la chambre du roi à Versailles six grands flambeaux d’argent vermeil doré représentant un homme portant un enfant
- En 1708, une deuxième série en vermeil est livrée pour Marly, l’orfèvre ajoutant un pendant sous la forme d’une femme assise
- Une paire de flambeaux du même modèle a appartenu à la marquise de Pompadour et figure dans sa succession. Ils furent acquis par son frère, le marquis de Marigny, et on retrouve la description dans l’inventaire de la vente du marquis de Ménars (Marigny), 4 mai 1782 et jours suivants (provenant de sa sœur la marquise de Pompadour) : « Une paire de flambeaux, supérieurement exécutés, & dorés d’or mat : le corps représentant un homme & une femme portant chacun un enfant sur leurs épaules. Hauteur 16 pouces. » (Vente Ménars, 18 mars 1782, n° 574 de 363 livres à Juban)
- Collection Antoine Crozat, vente du 26 février 1772, n° 916
- Collection comte Louis II Phélypeaux de Pontchartrain, vente de 1747
- Collection Randon de Boisset, vente du 27 février 1777, n° 266
Historique de ces modèles de flambeaux
Dans la tradition de la grande orfèvrerie de Louis XIV, dont le mobilier d’argent fut le fleuron et dont Nicolas Delaunay fut un orfèvre, la première série de ces flambeaux, en vermeil, a été livrée le 10 novembre 1702 pour la nouvelle chambre du roi Louis XIV à Versailles par ce même orfèvre :
« Six grands flambeaux d’argent vermeil doré représentant chacun pour le corps un homme nu assis sur un balustre […] et portant sur l’épaule un enfant tenant sur sa tête la bobèche ; […] posé sur un pied rond ciselé dessus de godrons tournants. »
- Dès 1708, une seconde série, également en vermeil, fut livrée pour Marly, l’orfèvre ajoutant alors un pendant sous la forme d’une femme assise.
- Lors de l’inventaire après décès de Delaunay en 1727, une répétition en bronze est décrite.
- Une paire de flambeaux du même modèle a appartenu à la marquise de Pompadour et figure dans sa succession : « n° 574 une paire de flambeaux, supérieurement exécutés et dorés d’or mat. Le corps représente un homme et une femme portant chacun un enfant sur leurs épaules. Hauteur, 16 pouces. » Ils furent acquis par son frère, le marquis de Marigny dont on trouve la description dans l’inventaire. »
L’attribution du modèle à Corneille Van Clève (1646−1732), beau-frère de Nicolas Delaunay, apparait dès le XVIIIe siècle. C’est ainsi que Pierre-Jean Mariette (1694- 1774) fut le premier à associer son nom à ces objets lors de la vente du comte de Pontchartrain en décembre 1747 :
« Deux autres grands chandeliers de bronze, de 14 pouces de haut, dans l’un un homme, et dans l’autre une femme, ont chacun sur leurs épaules un enfant qui tient la bobèche du chandelier ; ils ont été exécutés sur les dessins du sieur Van-Cleve »
(Vente du comte de Pontchartrain, début 1747, sans numéro de lot).- Une paire est décrite dans le catalogue de la vente de M. Selle en février 1761 par l’expert Pierre Remy (1715−1797). Acquise lors de la vente de l’orfèvre Claude II
Ballin (1661−1754) en décembre 1754, elle est alors attribuée à Ballin. Les pieds décrits alors « en rocaille et moulures » correspondent à la paire sans girandole, de la Wallace Collection.
- Ce même expert fut chargé en 1772 de procéder à la prisée de la collection Crozat de Thiers. Il décrit alors dans la galerie du rez-de-chaussée de l’hôtel de la place Vendôme une paire aux corps patinés suivant un modèle de Van Clève même si, lors de la vente de cette même collection, il l’attribue, faisant probablement une coquille, à l’Algarde.
« Deux magnifiques flambeaux de bronze, composés l’un d’un homme qui tient un enfant sur son épaule ; l’autre, d’une femme aussi avec un enfant ; la bobèche qui est sur la tête de chaque enfant, & le pied qui sert de siège à chaque figure, sont dorés. Ces modèles sont de l’Allegarde » (vente Crozat, 26 février 1772, no 916, 430 livres).
- L’attribution du modèle à Van Clève d’une paire patinée est confirmée par l’expert Julliot lors de la vente Randon de Boisset en 1777 :
« Deux flambeaux modèles de Van Cleve ; composés l’un d’un homme qui tient un enfant sur son épaule, l’autre d’une femme aussi avec un enfant ; la bobèche qui est sur la tête de chaque enfant et le pied qui sert de siège à chaque figure, sont dorés : hauteur totale 16 pouces » (vente Randon de Boisset, 27 février 1777, no 266, 650 livres à Julliot).
- Cité dans la vente du comte du Luc, du 22 & 23 décembre 1777 :
« Deux Flambeaux, l’un représente un homme, l’autre une femme, tenant chacun sur une épaule un enfant qui porte sur sa tête une forte bobèche : chaque figure est assise sur un pied de goût mâle de bronze doré comme la bobèche. Hauteur 15 pouces 6 lignes. Ces deux flambeaux viennent aussi du Cabinet de feu M. Randon de Boisset, sous le numéro 266, page 117 de la première partie du Catalogue » (Vente du comte du Luc, 22 décembre 1777, no 16 de 650 livres)
Ainsi connu tant en vermeil, qu’en bronze patiné ou doré ou encore doré d’or mat, comme le modèle ayant appartenu au marquis de Marigny, le modèle de ce bronze suivrait donc un modèle de Van Clève bien que les inventaires de Delaunay, Van Clève et Ballin ne nous permettent pas d’affirmer qui en posséda le modèle et surtout qui en dirigea la fonte et en commercialisa les tirages. Nous pouvons tout au plus émettre l’hypothèse que le premier modèle fut commercialisé par Delaunay mais la fonte peut avoir été réalisée tant par
Delaunay lui-même que par son beau- frère, Corneille Van Clève puisqu’ils partageaient un même four. Le deuxième modèle, correspondant à celui de la Wallace Collection et au nôtre, pourrait par ailleurs avoir été fondu par l’orfèvre Ballin.
Ces flambeaux reposent chacun sur une base circulaire à plinthe, ornée d’une rangée de rais- de-cœur, puis d’une doucine incurvée. Le dessus de la base présente un décor hélicoïdal et tournoyant de cotes guillochées cernées de bancs d’encadrement simulant par endroits des entrelacs. Un peu plus haut, un piédestal composé de baguettes moulurées est noué par des rubans entrecroisés dont les quatre intersections sont recouvertes de fleurettes épanouies. Il supporte un balustre dont la panse est ornée de palmettes, disposées tête-bêche dans des cartouches composés de croissant affrontés. Le col est agrémenté de fines cannelures.
L’un des flambeaux représente une femme, les cheveux noués sur la tête, torse nu et presque assise sur le balustre, les jambes légèrement repliées l’une derrière l’autre, et en partie couvertes d’une étoffe en drapé. L’autre représente un homme assez dénudé, les cheveux bouclés, assis sur le balustre où il pose son pied et sa jambe pliée est partiellement couverte par un petit drapé qu’il retient de sa main droite posée.
Ces personnages supportent chacun sur une épaule un chérubin, vêtu pour l’un d’une petite étoffe et pour l’autre d’une ceinture de feuilles de vignes d’où s’échappent quelques raisins, ainsi que, pour les deux, d’une bandoulière. Le premier enfant s’agrippe à la femme qui le tient de sa main droite. Le second est tenu par le bras et la main gauche de l’homme. Ils supportent au-dessus de leur tête, respectivement d’un bras puis de deux bras, un coussin rond évasé à godrons rayonnants et, plus haut, une belle et importante bobèche dont la panse à renflement évoque des motifs d’écailles superposées. Au-dessus court une frise de postes d’où s’échappent des fleurons. Le col est cerné d’une rangée de petites feuilles pliées. Ces flambeaux sont chacun sommés par un binet dont les bords sont ciselés de feuilles torsadées.
Corneille Van Clève (1645 – 1732)
Corneille Van Clève est un sculpteur français, né à Paris en 1645, appartenant à une famille d’orfèvres. Selon le comte de Caylus, il aurait fait son apprentissage dans l’atelier du sculpteur Michel Anguier (1612−1686). Complétant sa formation initiale par un long séjour d’une dizaine d’années en Italie, il fut d’abord à Rome comme pensionnaire du roi, de 1611 à 1617, puis à Venise de 1617 à 1680. Il fut très marqué par l’art du Bernin.
De retour à Paris, il fut admis à l’Académie en 1681, avec Polyphème (Paris, musée du Louvre). Il est intervenu sur de nombreux chantiers royaux : le château de Versailles pour lesquels il créa Ariane endormie, Mercure, Enfants à la conque, Lion et sanglier, Lion et loup, en collaboration avec Jean Melchior Raon (1630−1719), et de nombreuses décorations (vases, chapiteaux, figures, bas-reliefs) mais également aux châteaux de Marly et de Meudon. Le maître-autel de la chapelle du château de Versailles est probablement l’une de ses œuvres les plus connues. Il y représente un Ange aux ailes déployées, deux Adorateurs, des Chérubins et la Déposition de la croix. Par ailleurs, il intervint sur de nombreux chantiers religieux et fut ainsi l’auteur de Deux anges et une gloire (Église Saint-Paul-Saint-Louis), d’un Ange (Église de la Sorbonne), d’un Christ en croix accompagné de la Madeleine (Église de Saint- Germain‑l’Auxerrois), d’un Ange portant le roseau et un Ange tenant la couronne d’épines (Notre-Dame de Paris), du tombeau d’Anne des Essarts (Église de Saint Benoît). Van Clève réalisa également pour les particuliers des monuments funéraires (Monument au cœur des princes de Condé ainsi que celui de Marguerite de Laigue).
Artiste complet, il travailla tous les matériaux, du bois au marbre, en passant par les stucs et le bronze. Van Clève eut son propre atelier de fonte et il produisit au début du XVIIIe siècle des statuettes prisées par les amateurs, conservées au musée du Louvre : Léda et le Cygne, Diane et Endymion, Bacchus et Ariane. Issu d’une famille d’orfèvre et beau-frère de Nicolas Delaunay (1646−1727), orfèvre et directeur des Monnaies et des Médailles du roi, son activité s’étendit aux objets d’art puisqu’il créa un lustre et une girandole pour Marly. Nommé professeur en 1693, il fut adjoint au recteur en 1706, directeur en 1711, recteur en 1715, chancelier en 1720 et décéda en 1732.
Nicolas Delaunay (1646 – 1727)
La destruction massive de l’orfèvrerie française du xviie siècle, conséquence des deux grandes fontes ordonnées par Louis XIV en 1689 et 1709, ne nous laisse que peu d’informations sur l’orfèvrerie parisienne de cette époque. Nous savons cependant que Nicolas Delaunay était alors considéré comme « un des beaux génies que la France ait produit » par l’architecte suédois Nicodème Tessin et son compatriote, le diplomate Daniel Cronström. Delaunay a été, avec Claude Ballin, l’un des plus fameux créateurs du mobilier d’argent et de la vaisselle en or de Louis XIV.
Membre d’une dynastie d’orfèvres, il est fils de l’orfèvre et monnayeur Louis Delaunay. Ce dernier étant mort prématurément en 1650, Nicolas Delaunay n’apprit donc pas son métier dans l’atelier paternel. Bien que nous n’ayons pas conservé son contrat d’apprentissage, il est probable qu’il eut Claude Ballin parmi ses premiers maîtres. Lors de la signature de la déclaration de poinçon, passée par Nicolas Delaunay le 7 octobre 1672, l’orfèvre livra la description de son poinçon de maître « une fleur de lys couronnée, deux grains à côté, au- dessous un N, un D et un L ». Dans cet acte juridique exigé de tout nouveau maître orfèvre de Paris, « le sieur Claude Ballin, marchand orfèvre à Paris et demeurant aux galeries du Louvre », apporta sa caution financière, pendant que « René Cousinet, marchand orfèvre sur le quai des Orfèvres » et l’apothicaire Antoine Regnault se portèrent témoins. Dès l’époque de sa maîtrise, validée par la Cour des monnaies le 10 octobre 1672, Delaunay apparut donc comme un proche, peut-être un protégé de Claude Ballin. Au mois de mai 1676, en épousant Madeleine Ballin, fille du peintre Michel Ballin, le propre frère de Claude Ballin, Delaunay devint le neveu par alliance de Ballin et renforça encore ses liens de maître à élève. Le contrat de mariage passé le 24 mai 1676, nous apprend que le jeune ménage s’engagea à loger chez l’oncle de sa femme pendant deux ans. À l’issue des deux ans, Delaunay reçut une « récompense » de 1000 livres et put travailler désormais comme « associé » de Ballin.
Médailleur depuis 1677 en la Monnaie de Paris, il fut nommé le 22 novembre 1696 « directeur du balancier des Médailles » au Louvre et ajouta à cette fonction une charge anoblissante de secrétaire du roi. Louis XIV lui confia, dès 1714, le soin de réaliser sa vaisselle d’or et son mobilier d’argent.
Claude II Ballin, dit le Jeune (vers 1660 – 1754)
Beau-frère de l’orfèvre Nicolas Delaunay (1646−1727), Claude II Ballin fit son apprentissage auprès de son oncle, Claude Ballin (1615−1678). Il dessina la plupart des œuvres de celui-ci, sauvegardant ainsi leur souvenir après les grandes fontes de l’argenterie royale. Le roi Gustave III de Suède, admirateur des œuvres de son oncle, Claude Ballin, fit acheter une partie des dessins de mobilier, conservés aujourd’hui au musée national des Beaux-arts de Stockholm, en Suède. Orfèvre du roi, Claude II Ballin était considéré comme l’un des plus éminents orfèvres de son temps et reçut donc des commandes d’argenterie de nombreuses cours d’Europe.
Hauteur : 40,5 cm – 15 7⁄8 inches Largeur : 20,5cm – 8 1⁄8 inches- Michèle Bimbenet-Privat, Les Orfèvres et l’orfèvrerie de Paris au XVIIe siècle, tome II, Paris, Commission des travaux historiques de la Ville de Paris, 2002, p. 371–373.
- Michèle Bimbenet-Privat, « Le maître et son élève : Claude Ballin et Nicolas Delaunay, orfèvres de Louis XIV », in Bibliothèque de l’École des chartes, t. 161, 2003, p. 221–239.
- Yves Carlier, « Sur quelques modèles de flambeaux en usage à la cour de France au XVIIIe siècle », In Versalia. Revue de la Société des Amis de Versailles, no 2, 1999. p. 60–65.
- Comte de Caylus, « Vie de Corneille Van Clève, sculpteur », In Mémoires inédits sur la vie et les ouvrages des membres de l’Académie royale de peinture et de sculpture, publiés d’après les manuscrits conservés à l’École impériale des beaux-arts, tome II, Paris, J.-B. Dumoulin, 1854, p. 73–79.
- P. Hughes, The Wallace Collection. Catalogue of Furniture, III, London, Wallace Collection, 1996, p. 1193–1195.
- Martin Chapman, Marc Bascou, Michèle Bimbenet-Privat, Royal Treasures from the Louvre: Louis XIV to Marie Antoinette, San Francisco, Fine Arts Museums of San Francisco, 2013, p. 42, cat. 12.
- Gérard Mabille, « Le mobilier d’argent de Louis XIV », in Quand Versailles était meublé d’argent, Paris, Réunion des musées nationaux, 2007, p. 78–79, fig. 65–66 et 67 et p. 234- 235, cat. 9 et 10.
- Jean Nérée Ronfort (dir.), André-Charles Boulle. Un nouveau style pour l’Europe (1642- 1732), Paris, Éditions Somogy, 2009, p. 280–281.
- François Souchal, French sculptors of the 17th and 18th centuries. The reign of Louis XIV. Vol III. M‑Z, Oxford, Cassirer, 1987, p. 398–399, cat. 71–72 et 73.
Pendule Transition Martin · Astronomie
Paris, époque Louis XVI, vers 1780 Bronze ciselé, doré et patiné
Attribué à Jean-Louis Prieur (1759−1795) Réalisée par René-François Morlay
Le mouvement est signé Martin à ParisExemples comparables
- René-François Morlay, bronzier, Jean-Antoine Lépine, horloger, Pendule à l’Astronomie, livrée le 28 décembre 1771 pour la chambre de la comtesse de Provence à Versailles, Versailles, château de Versailles et de Trianon (inv. GML 10898)
- René-François Morlay, bronzier, Pendule à l’Astronomie, vers 1765–1770, Paris, Musée des arts décoratifs (inv. 36244)
- René-François Morlay, bronzier, Causard, horloger, Allégorie de Clio, vers 1770, collection particulière, illustrée dans Jean-Dominique Augarde, Les ouvriers du temps, Genève, Antiquorum, 1996, p. 293. Le cadran circulaire émaillé blanc, légèrement postérieur, indique les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de cinq en chiffres arabes par deux aiguilles en bronze repercé et doré. Le mécanisme est signé Martin à Paris à l’arrière. Il s’inscrit dans une caisse en bronze ciselé, patiné et doré. Sur le côté gauche, une figure féminine debout vêtue d’une toge « à l’antique », chaussée de sandales à lanières et les cheveux relevés en chignon, légèrement inclinée au-dessus de la boîte du mouvement, se penche sur de longues feuilles de parchemin simulées qu’elle tient par un coin, de la main gauche. Ainsi, elle symbolise l’Astronomie. Entre deux feuilles, s’échappe une forte chute de branches fleuries et feuillagées retombant de l’autre côté de la caisse. À droite de cette dernière, un jeune amour ailé évolue sur une étoffe qui recouvre une mappemonde, des livres, une équerre, un porte- fusain et un rapporteur, attributs évoquant la connaissance du Monde. La boîte cylindrique du mouvement est ornée d’une lunette à décor de feuilles de chênes et de glands. Elle pose sur plusieurs contre-socles parallélépipédiques supportés par une base en doucine à motifs de grandes feuilles aplaties. La base géométrique à ressauts est ornée dans des encadrements en réserve de deux rosaces tournoyantes sur la face, de frises de fleurettes et pastilles en léger retrait (sur le revers) et de fortes guirlandes de feuilles de chênes et de glands sur la face et les côtés. Enfin, la pendule repose sur quatre petits pieds quadrangulaires droits et à cannelures.
Un modèle à succès de pendule de René-François Morlay
Cette pendule a très vraisemblablement été exécutée d’après un dessin du célèbre ornemaniste Jean-Louis Prieur, dont le style semble caractéristique des années 1770. Une pendule identique fut livrée en décembre 1771 pour la chambre de la comtesse de Provence au château de Versailles, appartenant aux collections du mobilier national et aujourd’hui exposée au château de Versailles. La description de celle-ci au moment de sa livraison correspond bien à ce modèle même si le rédacteur a dû inverser droite et gauche :
« Pour servir dans la chambre à coucher de Madame la Comtesse de Provence au château de Versailles. Une pendule faite par Lépine horloger du Roy allant 15 jours, sonnant les heures et les demi heures, le cadran d’émail entouré d’une guirlande de fleurs ayant 7 pouces de diamètre, les aiguilles dorées, portée sur un socle d’architecture orné sur les faces de guirlandes de laurier, ayant à droite [sic] une figure de femme qui représente l’Astronomie appuyée à gauche sur un rouleau et tenant de la main droite une plume et à droite un génie sur un globe et sur des livres qui regarde l’heure, le tout en bronze ciselé et doré d’or moulu, ayant 18 pouces de large sur 20 pouces de hauteur ».
Un autre exemplaire similaire à cette pendule est conservé au Musée des arts décoratifs de Paris (inv. 36244). Un troisième exemplaire de cette pendule, signée René-François Morlay est conservée dans une collection privée et est reproduite dans l’ouvrage de Jean- Dominique Augarde sous le titre d’Allégorie de Clio.
Morlay, Maître, en 1756, et installé dès 1766 rue des Arcis comme Ciseleur et acheveur en bronze pour ornemens d’appartemens dans l’Almanach royal du Dauphin est mentionné parmi les créanciers de l’horloger Lepaute de Bellefontaine.
Hauteur : 51 cm – 20 inches Largeur : 46 cm – 18 inches Profondeur: 18 cm – 7 inches- Archives Nationales (Marais), « Journal du Garde-Meuble de la Couronne (entrées et sorties) », Maison du roi sous l’Ancien Régime (XVIe-XVIIIe siècles), 1769–1777 (O/1/3319) Jean-Dominique Augarde, Les Ouvriers du temps : la pendule à Paris de Louis XIV à Napoléon, Genève, Antiquorum, 1996, p. 293.
- Bertrand Rondot, Jean-Jacques Gautier, Le château de Versailles raconte le Mobilier national : quatre siècles de création, Versailles, château de Versailles, 2011, p.137. Pierre Verlet, Les bronzes dorés français du XVIIIe siècle, Paris, Picard, 1987, p. 425.